Amrabed

Abdelaziz El Abbès

Crédit image : Amezruy ⴰⵎⴻⵣⵔⵓⵢ التاريخ

Abdelaziz El Abbès, également connu sous l’appellation du Sultan Abdelaziz (en Kabyle Lεaziz U-Σebbas, sselṭan Σebdleεziz, en arabe عبد العزيز بن العباس, السلطان عبد العزيز) est le fils de l’émir El Abbès Ben Abdelaziz, neveux de l’émir Abderrahmane Ben Abdelaziz, et frère d’Ahmed Amokrane. Il s’agit de l’unique chef des Aït Abbes à avoir pris le titre de Sultan.

Arrivée au pouvoir

Abdelaziz accède au pouvoir en 1547. Il succède à son père, El Abbès, à la tête d’un fragile royaume édifié dans une région montagneuse, sur les épaves de la province Hafside de Bougie. Ce royaume portait alors le nom de Royaume de Labes, et était connu dans l’arrière pays sous le nom de Royaume de l’Ouanougha. C’était une principauté alliée au puissant Royaume ottoman d’Alger, et rivale du royaume de Koukou, en Grande Kabylie.

Drapeau Aït Abbes 1570
Étendard des Aït Abbes sous le règne d’Abdelaziz El Abbès

Rapport avec la Régence d’Alger

En 1551, Abdelaziz participe aux cotés des turcs d’Alger a une expédition cotre Tlemcen à la tête de 2000 kabyles. Il se fera remarqué lors de cette expédition où il s’élance seule au combat à la tête de ses hommes et met l’ennemi en déroute, sans attendre le concours des turcs.

En octobre 1552, Abdelaziz participe aux coté du Pacha Salah Raïs, à la tête de 8000 berbères, à une expédition contre les rois de Touggourt et de Ouargla.

A la suite de cette expédition les rapports entre le Sultan Abdelaziz et Salah Raïs vont connaître une brusque détérioration qui sera le prélude à l’ouverture des hostilités, qui dureront tout au long du règne de ce Pacha. Cette nouvelle situation trouve sont origine dans la répartition inéquitable du butin, et des manigances de Hassan Corso, qui n’avait pas oublié la rude apostrophe qu’Abdelaziz lui avait adressé durant la compagne contre les troupes marocaines. Il réussi à convaincre Salah Raïs que le chef des Aït Abbes voulait soulever le pays.

Usant d’un stratagème bien rodé, et qui se rééditera de nombreuses fois encore dans l’histoire d’Alger, Salah Raïs invita le Sultan Abdelaziz à venir à Alger, pour régler le différent de manière pacifique. Abdelaziz sera installé dans le Palais de la Djénina, ce même palais ou quelques années plus tôt Aroudj avait fait assassiner Salim El Toumi, le dernier roi d’Alger. Le fait que le Sultan Abdelaziz a accédé à cette invitation montre que pour lui, le différent avec Salah Raïs n’était que minime et pouvait se régler pacifiquement. Or l’intention du Pacha derrière cette invitation était de ce débarrassé d’un rival devenu encombrant, et dont les exploits a chaque expédition lui faisant de l’ombre.

Sitôt installé au palais de la Djénina, le Sultan Abdelaziz fut avertit de la dénonciation de Hassan Corso. Ceci lui fit comprendre que cette invitation n’était qu’un simple prétexte pour l’assassiner. Ce sur quoi le Sultan se décida à quitter le palais et à prendre furtivement le chemin de la Kalaa.

Ceci se passa en hiver de l’an 1552, entre novembre et décembre.

Le Sultan Abdelaziz avait une grande réputation et beaucoup d’influence dans le pays. Sa défection, qui pouvait trouver de nombreux imitateurs, ne devait pas être dédaignée. Aussi le Pacha Salah Raïs, sans attendre la saison favorable, entreprit une compagne d’hiver contre ce nouvel ennemi.

Guerre contre la Régence d’Alger

Vers Janvier 1553, Salah Raïs leva une armée et marcha contre la Kalaa des Aït Abbes. Les premiers combats se déroulèrent à Boni, et le frère du Sultan Abdelaziz, nommé El Fadel, mourût au cours des combats. Mais la neige qui tomba en très grande abondance obligea les turcs à se replier.

Cette première expédition ottomane fit comprendre au Sultan Abdelaziz que pour s’être détaché des turcs, il devra désormais s’organiser, se fortifier et élargir ses alliances pour face à de nouvelles expéditions punitives sur la Kalaa. C’est entre autre durant cette période que sera édifié le mur d’enceinte de la Kalaa.

Intrigué par la montée en puissance du Sultan Abdelaziz, Salah Raïs ordonnera quelques mois après la mise sur pied d’une seconde expédition contre les Aït Abbes, qui eu lieu fers la fin de l’été 1553.

Alors que les turcs s’apprêtaient a assiégé la Kalaa, Abdelaziz sorti de la place et livra un rude combats aux turcs qui fut meurtrier pour les deux partis. Le camp du pacha sera sauvé du massacre par les cavaliers arabes. Les turcs seront obligé de se retiré avec d’énormes pertes.

C’est de cette période qu’Abdelaziz prendra le titre de Sultan.

En janvier 1554, Sinan Raïs et Caïd Ramadhan levèrent une armée contre les Aït Abbes. Abdelaziz marcha contre les turcs sur la route de Msila et les tuas tous, seuls les deux chefs purent se sauver à Msila.

On apprend que vers 1553, grâce à l’intervention des principaux marabouts de la Soummam et du Djurdjura, Abdelaziz se rapprocha de Belkadi pour sceller une paix durable et une alliance contre l’ennemi commun. Abdelaziz épouse sa fille du chef de Koukou, constitua une forte armée et menaça ouvertement Bougie. La ville fut occupée en 1559.

Hassan Pacha est de nouveau à Alger en juin 1557. Durant la première année, de bonnes relations sont renouées entre le Pacha et le sultan Abdelaziz. Pendant cette année Hassan Pacha reconnu la souveraineté des Aït Abbes sur la ville de Msila.

En 1558, Abdelaziz, petit fils de dernier roi de Bejaia, revendiquait avec ténacité les territoires qui faisaient partie de l’ex royaume de Bejaia. Il assembla une armée de 6000 hommes pour soumettre les tribus des environs du sud de Msila et des environs de Boussaâda qui dépendaient directement du gouvernement turc.

Hassan Pacha, indigné, marcha contre lui. L’armée turque arriva d’abord à Medjana où on fit construire un fort, le Bordj Medjana, avec un garnison de 200 turcs, ainsi qu’un autre fort a Zemmoura, le Bordj Zemmoura, avant de rentrer à Alger en laissant 400 turcs et 4000 cavaliers arabes pour occuper les environs de la Medjana, ayant perdu 300 hommes que les Aït Abbes tuèrent en plusieurs escarmouches.

C’est à ce moment qu’Abdelaziz descendit de la montagne et tailla en pièce la cavalerie arabe. Les turcs restés à Medjana se retirèrent en laissant leurs canons qu’Abdelaziz récupéra après avoir démoli le fort.

Apprenant la nouvelle, Hassan Pacha arriva avec son beau père, le roi de Koukou, pour ravager les terres des Aït Abbes. Mais Abdelaziz accourut, à la tête de 4000 hommes à pied armés de mousquets et de 5000 cavaliers, près du village Tazla, où il avait fait construire un fort avec un retranchement qui coupait le chemin aux turcs. Hassan Pacha avait 3000 turcs à pied, 500 à cheval et 2000 cavaliers arabes.

Mort

Au cours de cette bataille de septembre 1559, qui fut longue et ardue, et après avoir fait un grand nombre de morts dans les rangs ennemis, le Sultan Abdelaziz trouvera la mort sous le feu nourri des Trucs, touché d’une arquebusade dans la poitrine et criblé de balle lui et son cheval.

A la mort du Sultan Abdelaziz, on trouva qu’il portait deux cottes de maille, l’une sur l’autre, et qu’il était armé d’une lance, d’un bouclier et d’un coutelas. C’était un homme fort robuste.


Bibliographie

  • Benoudjit, Youssef. La Kalaades Béni Abbès au XVIe siècle. Alger, Dahlab, 1997.
  • Berbrugger, Adrien. Les époques militaires de la Grande Kabylie. Alger : Bastide, 1857. Consulter en ligne
  • Charles-André, Julien. Histoire de l’Afrique du nord : Des origines à 1830. Paris : Payot ; 1994.
  • El Mili, Moubarek: Histoire de l’Algérie de l’Antiquité à nos jours. Alger : Entreprise Nationale du livre. Consulter en ligne
  • Gaïd, Mouloud. Histoire de Bejaia et sa région depuis l’antiquité jusqu’à 1954. Alger, SNED, 1976.
  • Gaïd, Mouloud. Les Béni Yaala. Alger : OPU, 1990.
  • Gaïd, Mouloud. Les Berbères dans l’Histoire : Mokrani. Alger, Editions Mimoun, 1993.
  • Gautier, E. F. Le passé de l’Afrique du nord : Les siècles obscurs. Paris : Payot, 1952.
  • Gomara, Francisco Lopez de. Des Indes occidentales à l’Afrique.
  • Haedo, Diego de. Histoire des rois d’Alger. Alger, Adolphe Jourdain, 1881. Consulter en ligne
  • Kaddache, Mahfoud. L’Algérie durant la période ottomane. Alger : Office des publications universitaires, 1991.
  • Kaddache, Mahfoud. L’Algérie médiévale. Alger : ENAL, 1992.
  • Marmol y Carvajal, Luis del. L’Afrique de Marmol. Paris : [S.E], 1667. Consulter en ligne

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *