Dieu
Dans la mythologie kabyle, au dessus de toute chose se dresse Dieu, qui est communément appelé Ṛebbi, une appellation empruntée à l’arabe.
Dans les mythes, on préfère les termes Bab Igenwan, Maître des Cieux, Bab igenwan d tmura, Maître des cieux et de la terre, Bab n lumuṛ, Maître de toutes choses, Bab n tezmert (yeqwan), le Tout-Puissant, Bab n tewwurt, Maître de la porte (du salut) …
On a également le terme « Agellid », qui signifie roi, mais qui est le plus souvent utilisé en Kabylie comme synonyme de Dieu. Ma propre grand-mère utilise « Agellid » pour prier Dieu. On aura ainsi des expressions comme Agellid Ameqqran, qui est l’attribue de Dieu le plus utilisé dans les mythes, et qui signifie Le Grand Roi ; ou alors Agellid igeldan, qui signifie Roi des rois, Agellid Lkamel, Roi qui es parfait, Agellid ur neggan uḍan, Roi qui jamais ne sommeille …
Il existe encore plain d’autre terme utilisés en kabyle pour désigner Dieu, tel que Aɣeyyat (le Donateur généreux), Ağewwad (le Généreux), Aḥnin (le Compatissant), Amwali (le Clairvoyant), Amalal (le Secourable) …
Le Dieu unique n’apparait dans les croyances kabyles qu’avec l’arrivé de l’islam. La mythologie kabyle, de tradition animiste, ne reconnaissait pas l’acte de création. Le monde n’a ni début ni fin, et ne fut ainsi jamais créé. Tout n’est que perpétuelle recommencement, l’univers étant régit par les forces invisibles.
L’humanité descend d’un couple original sorti des abimes de la terre, du monde chtonien, et qui n’a pas été créé, mais a toujours existé sous terre, dans le monde des morts.
Après l’introduction du concept divin dans la mythologie kabyle, Dieu a pris la position de maître suprême, régisseur de l’Univers. Les forces invisible son soumises à Dieu, et font office d’intermédiaires dont Dieu se sert pour manifester sa puissance.
Dieu a également fixé le destin de chaque homme. Inscrit sur son front (yekteb ɣef uyendur-is), rien ni personne ne saurait le modifier. On se soumet au verdict divin, car nulle situation ne dure éternellement, les épisodes de malheurs sont suivie de joie, et la joie ne dure qu’un court instant avant d’être suivie d’un malheur, car Dieu, qui est Maître de la difficulté et de la facilité (bad n cedda d telwit) », élève et abaisse (ireffed yesrus) tour à tour.
Mais dans la pensé des anciens kabyles, Dieu reste malgré tout lointain inaccessible au commun des mortels, moins redoutable que les créatures qui servent d’intermédiaires entre le mortel et divin, dont ont citera les anges, les gardiens et les saints.
Anges
Les anges sont directement empruntés à l’islam, et ne figurent sans doute pas dans les croyances des anciens Berbères.
Ils sont appelés « Imuluk » ou « Imalaykat » en kabyle, appellation d’origine arabe. Une autre appellation existe en Berbère, mais n’est pas attestée en kabyle, il s’agit des formes « aneglus » ou « anejlus », dont le pluriel est « ineglusen » ou « inejlusen ». C’est un terme d’origine latine, d’angelus, le même terme qui a donné ange en français.
Les anges sont avant tout, conformément à la vision islamique, des messagers de Dieu. Ils veillent sur les hommes et les guident vers le bien. Ils veillent sur les enfants en bas-âge, les nourrissons, et ce sont eux qui façon l’enfant dans le ventre de sa mère.
Ce sont notamment des gardiens pour les femmes. Ils assistent les femmes dans leurs travaux de jardin, veuillent sur le métier à tisser, et aident même celles-ci à achever leur couvertures.
Mais ils sont facilement contrariés. Siffler ou parler de manière non convenable les fait fuir, ils répugnent également les représentations humaines et animales.
Une légende rapporte que les anges sont venu au lieu dit Lalla Mekka pour y établirent la maison de Dieu. Alors qu’ils étaient entrain de construire, une vielle passa portant un grand plat. Arrivée près d’eux, elle remarqué que le plat avait sali sa robe, et s’écriât aussi tôt : « A ssiεqa ! Que la foudre tombe ! » Les anges se dirent alors : « nous ne resterons pas dans un lieu où l’ont parle ainsi, nous irons dans un lieu distant d’une année de marche ». Et c’est ainsi que la maison de Dieu à été bâtie à la Mecque, distante d’une année de marche de la Kabylie.
Parmi les anges connus, on a Azraël, nommé Ɛezrayen en kabyle, qui est l’ange de la mort. Il est chargé par Dieu d’arracher les âmes des hommes ayant atteint le terme de leur existence.
On a également le ou les anges de l’interrogatoire, lmalaykat n usbul, chargés de juger les âmes des défunts après leur mort.
Puis on a l’Archange Gabriel, sans doute le plus connu des anges, appelé en Kabyle Sidna Jebṛayen. Messager de Dieu, il est chargé de transmettre la parole divine aux prophètes et aux saints. Il est également le gardien des mosquées et des lieux de cultes, nombre d’anciennes mosquées en Kabylie portent son nom, et de nombreux sanctuaires, tiqerrabin, lui sont dédiées, telle que la mosquée de Taourirt Menguellet dans la région de Michelet, et celle d’Ath Amar Ouzeguene près d’Akbou.
Les anges peuvent également se manifester aux mortels, presque toujours sous apparence humaine, pour les avertir ou au contraire pour leur annoncer une nouvelle. Ils veillent sur les personnages illustres, accomplissent des miracles, ou offres des dons aux hommes, comme ce fut le cas pour Si Muḥend U-Mḥend lorsqu’un ange lui apparu pour lui offrir le don de la poésie.
Ce sont également les anges qui répartissent les richesses, en inscrivant sur leurs tablettes lors de la nuit de taceεbant, le 15 du mois lunaire de Chaaban, la part de bien dédiée à chaque personne pour l’année qui s’annonce.
Il existe encore plain d’autres légendent liées aux anges, certains tiré de la mythologie, d’autres de la tradition islamique, ou hébraïque.
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