Amrabed

Iflisen Umellil

Dans ma dernière vidéo sur le drapeau des Iflisen n Lebḥar, beaucoup m’ont demandé de faire une vidéo sur Iflisen Umellil, alors je me suis dis pourquoi pas toute une série sur les tribus et confédération de Kabylie ?

Déjà il faut parler du fait que Iflisen Umellil forme une ancienne confédération, qui n’est plus d’actualité aujourd’hui, au point que nombre d’habitants de villages qui dépendaient jadis de cette confédération ne savent même plus aujourd’hui qu’ils faisaient partie des Iflisen Umellil.

Le territoire des Iflisen Umellil correspond aujourd’hui aux communes de : Draâ El Mizan, Tizi Gheniff, M’Kira, Aït Yahia Moussa, Tadmaït et le sud de la commune de Tirmitine dans la wilaya de Tizi Ouzou, ainsi que celles de Timezrit, Naciria, Bordj Menaiel et Chabet El Ameur dans la wilaya de Boumerdes.

C’est de ce fait la plus grande confédération de Kabyle, de part sa superficie.

Les Iflisen Umellil sont plus connus en français sous le nom de Flissa Umellil (Flisset MellilFlicet Mellil). Ils sont également désignés en kabyle sous l’appellation d’Iflisen n Udrar, les Flissa de la montagne.

C’est une confédération qui regroupe 14 tribus, à savoir :

  • Ibuɛezzunen
  • At Yeḥya U-Musa
  • Iɣemrasen
  • At Ɛemṛan
  • At Buruba
  • At Meqleɛ
  • At Ɛrif
  • At Bu-Cnaca
  • Lɛerc Alemmas
  • Imkiren
  • Imzalen
  • Iltayen
  • At Cilmun
  • Irefɛan

Je sais, ça fait beaucoup, ce n’est pas pour rien que c’est la plus grande confédération de Kabylie.

Histoire

Les Iflisen Umellil sont certainement les Isaflenses dont parlent les sources romaines. Ils faisaient partie de la confédération des Quinquegentiens, qui apparaissent pour la première fois dans les rapports romains en l’an 253, et qui prirent part à la révolte de Firmus.

En 373, Firmus se réfugia chez les Isaflenses, fuyant devant le général romain Théodose. Après la défaite des Isaflenses face à l’armée romaine, le chef de la confédération, nommé Igmazen, résolu de livrer Firmus aux romains. Firmus se suicida alors pour éviter la captivité.

Durant la période ottomane, les Iflisen Umellil ne reconnaissaient par l’autorité du royaume de Koukou, contre qui ils étaient constamment en guerre.

Ne reconnaissant pas non plus l’autorité d’Alger, alors sous vassalité ottomane, les Iflisen Umellil, à l’instar des autres tribus kabyles insoumises aux turcs, furent entourés par une série de forts militaires que les turcs installèrent à la périphérie des montagnes à partir de 1594, tel que Bordj Hamza à Bouira, Bordj Boghni, Bordj Draa El Mizan, Bordj Menaïl, Bordj Sebaou et Bordj Tizi Ouzou ; ainsi que par les colonies militaires, dont la plus importante était celle des Amraoua, mais dont on peut également cité les Abid autour de Boghni.

En 1767, les Iflisen Umellil réussirent à vaincre les turcs à la bataille de Tizi Gheniff. L’année d’après, 1768, à la tête d’une coalition de kabyles et d’arabes insurgés, ils mirent en déroute les troupes de la Régence d’Alger qui perdirent 1200 hommes, et attaquèrent la Mitidja, qu’ils occupèrent jusqu’en 1769.

Ils dévastèrent également la Mitidja en 1807 et en 1811. A cette époque, les Iflisen Umellil reconnaissaient l’autorité de la famille Zamoum, et était constament en guerre contre les Issers, les Amraoua et les Maatkas.

Lorsqu’en 1830, Alger tombe aux mains des français, les Iflisen Umellil détruisirent le fort de Boghni, et se répondirent dans la Mitidja, conduits par leur chef, El Hadj Mohammed Ben Zamoum.

Ils attaquèrent les Français devant Blida en 1830, à Reghaïa en 1831, et à Boudouaou en 1837, tout en refusant d’entrer sous l’autorité de l’Emir Abdelkader.

Le 18 mai 1844, ils sont vaincus à Tadmaït par le maréchal Bugeaud, et finissent par se soumettre.

Ils participèrent à l’insurrection de 1857, mais sont a nouveau vaincu par l’armée française.

L’année d’après, en 1858, la confédération des Iflisen Umellil est divisée en 6 caïdats. Malgré leur participation à l’insurrection de 1871, aucun chef n’a pu de nouveau unir durablement les Iflisen Umellil, et c’est ainsi que s’éteignait la confédération qui aura durer du 3eme siècle de notre ère à 1858.

Bibliographie

  • Exploration scientifique de l’Algérie: pendant les années 1840, 1841, 1842. Paros : Imprimerie Nationale, 1848. Lire en ligne
  • Duveau, Charles. Les Kebaïles du Djerdjera. Études nouvelles sur les pays vulgairement appelés La Grande Kabylie. Paris: Camion Frères, 1859. Lire en ligne

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