La Zaouïa est un établissement qui n’a aucun analogue dans les Etats d’occident. C’est à la fois une chapelle, qui est un lieu de sépulture à la famille qui a fondé l’établissement et où tous les serviteurs, alliés ou amis de la famille, viennent en pèlerinage à des époques fixes ; une mosquée, où se réunissent les Musulmans des tribus voisines pour faire leur prière en commun ; une école, où toutes les sciences sont enseignées, lecture, écriture, arithmétique, géographie, histoire, alchimie, magie, philosophie et théologie, et où les enfants, pendant toute l’année, les étudiants (ṭṭelba) pendant certaines saisons, les savants (lecyax) à des époques fixes, se réunissent soit pour apprendre ce qu’ils ignorent, soit pour former des conciles et discuter certaines questions de droit, d’histoire ou de théologie ; un lieu d’asile, où tous les hommes poursuivis par la loi ou persécutés par un ennemi trouvent un refuge inviolable ; un hôpital, une hôtellerie où tous les voyageurs, les pèlerins, les malades, les infirmes et les incurables trouvent un gite, des secours, des vêtements, de la nourriture ; un office de publicité, un bureau d’esprit public, ou s’échangent les nouvelles, où l’on écrit l’histoire des temps présents ; enfin une bibliothèque, qui s’accroit tous les jours par des hommes qui y sont attachés et où l’on conserve la tradition écrite des faits passés.
Généralement les Zaouïas possèdent de grands biens, provenant de dotations habous ou d’aumônes (zakat) affectées par la charité publique à l’entretien de l’établissement. Un chef, avec le titre de Cheikh quand il appartient à la famille propriétaire de la zaouïa, avec le titre de Muqeddem (gardien) ou d’Oukil (fondé de pouvoir) quand il est étranger à cette famille, dirige l’établissement. De nombreux serviteurs (iqeddacen) sont attachés à chaque zaouïa, soit pour cultiver les terres qui en dépendent, soit pour servir le nombreux personnel d’écoliers, de marabouts, d’infirmiers et de voyageurs fréquentant l’établissement.
Bibliographie
- Jacquot, Félix. Expédition du général Cavaignac dans le Sahara algérien en avril et mai 1847 : Relation du voyage, exploration scientifique, souvenirs, impressions, etc. Paris : Gide et Baudry, 1849. Lire en ligne
- Khiati, Mostefa. Histoire de la médecine en Algérie : De l’Antiquité à nos jours. Alger : ANEP, 2012.
- Soleillet, Paul. L’Afrique occidentale : Algérie, Mzab, Tildikelt. Avignon : Imprimerie Seguin, 1877. Lire en ligne
- Trumelet, C. Blida. Alger : Jourdans, 1887.