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Les Berbères

Au 20èmesiècle, un romantisme berbériste s’est forgé, principalement en Kabylie, qui dresse un portrait héroïque des berbères, mélangeant mythes et légendes aux récits plus au moins historiques.

Mais qu’en est-il de la réalité ?

Nous allons essayer d’en voir un peut plus clair, en recherchant l’origine des berbères, de leur langue et de leur composition ethnique.


Origine

Définir une origine précise aux Berbères n’est pas chose facile. Aussi longtemps que l’on puisse remonter dans l’histoire, on retrouve des peuplades identifiées aux berbères déjà établies en Afrique du Nord.

Nous retrouvons dans La Guerre de Jugurtha, le résumé d’un récit que Salluste aurais traduit de livres puniques. Il est y dit que l’Afrique fut d’abord habitée par les Gétules et les Libyens, qui étaient des peuples nomades. Lorsque Hercule mourut en Espagne, les différents peuples qui composaient sont armée se dispersèrent. Les Mèdes, les Perses et les Arméniens s’établirent alors en Afrique. Les Mèdes et les Arméniens s’unirent aux libyens, bâtirent des villes, et c’est l’altération du nom Mèdes qui donna le nom du peuple Maure de Maurétanie. Les Perses quant à eux s’unirent aux Gétules, et s’appelèrent eux même nomades. Ce sont ces nomades qui sont les ancêtres des numides de Numidie.

Une autre légende rapportée par Strabon, dit que les Berbères seraient des indiens, qui sont venus en Afrique avec Hercule.

Flavius Josèphe rapporte, selon la Bible, que les berbères descendent de Pout, fils de Chams, le fils maudit de Noé.

Cette version chamitique des origines des Berbères continue d’être soutenue par de nombreux religieux et savants juifs et musulmans. Ibn Khaldoun l’a repris dans son ouvrage sur l’origine des Berbères. Aujourd’hui encore, les langues nord africaines continuent d’être appelées langue chamitiques.

Une autre version juive rapportée également par Joseph dit qu’un petit fils d’Abraham du nom de Ophrem, aurait occupé l’Afrique du Nord. Une 3eme tradition juive rapporte que deux fils d’Abraham, Aphera et Iaphra, accompagnèrent Hercule lors de sa guerre contre Antée. En leur nom fut nommée l’Afrique.

Cette dernière légende a été reprise par les arabes qui font remonter l’origine des Africains à un certain Africus إفريقيس, originaire du Yémen.

Une autre version rapportée par Procope de Césarée, prétend que les Berbères descendent des Cananéens, refugiés en Afrique après que Josué ai conquis la Palestine. Les Jébuséens, tribus cananéenne qui occupait Jérusalem, seraient les ancêtres des Berbères, et les autres cananéens, d’abords réfugiés chez les phéniciens, seraient les puniques.

Tous ses mythes donnent une origine orientale aux Berbères. Toutefois, la génétique moderne nous apprend que malgré le fait que de nombreux peuples de l’Est se sont mélangés aux Berbères, la souche berbère reste africaine, plus proche des égyptiens et des tchadiens que des moyen-orientaux. De ce fait, tous ces mythes doivent rester dans le domaine des fables, car ils ne reflètent en rien la réalité historique.

Historiquement parlant, les berbères ne sont pas proprement dits les premiers habitats d’Afrique du Nord. Il ne faut pas oublier que l’Algérie est peuplée depuis plus de 2 millions d’années, et que ses premiers habitants furent des homo-erectus, ou homo habilis, qui n’avaient pas forcement la capacité du langage.

Les premiers homo-sapiens d’Afrique du nord devaient former des peuplades avec des langues et des coutumes diverses.

Bien plus tard, sans doute à l’âge du bronze, une langue et une culture unique s’est imposées, entrainant la disparition des autres langues. Ce n’est que dés lors que nous pouvons parler de proto-berbères.

Les ancêtres des Berbères sont appelés méchtoïdes. Ils appartiennent à une culture préhistorique dite iberomaurusienne, qui remonte au paléolithique supérieur.  La culture iberomaurusienne à laisser place au néolithique à une autre culture préhistorique dite Capsienne.

Il est admis que la culture proto-berbère serait d’origine capsienne. Les capsiens ont introduit en Afrique du nord la poterie et l’agriculture du blé et des fèves. On voie également l’apparition des premiers cultes funéraires qui sont à peu de chose identique à ceux encore pratiqués par les Berbères durant l’Antiquité.

Morphologiquement parlant, la majorité des Berbères aujourd’hui correspondent au type capsien, dit méditerranéen, tandis que la morphologie iberomaurusienne se rencontre plus au Rif marocains et dans les Îles Canaries.

Aux capsiens et aux iberomaurusiens, il faut ajouter des populations issues de migrations préhistoriques ou protohistoriques. Des caucasiens, venus d’Europe ont introduit la métallurgie. D’autres populations venues du Proche-Orient ont apporté avec eux ce qui semble être la forme primitif d’écriture qui donnera le Libyque, et plus tard le Tifinagh. L’arrivée des phéniciens, et plus tard l’influence gréco-romaine, fini par faire des berbères ce peuple afro-méditerranéens que nous connaissons aujourd’hui.


Appellation

Les plus anciens textes nomment les Berbères « libyens », du nom de la Libye, qui est le nom antique de l’Afrique. Cette appellation est d’origine égyptienne, elle vient de Libou, le nom d’une tribu Berbère établi vers la fin de l’âge de Bronze entre le Delta du Nil et la Cyrénaïque. Or, durant l’antiquité, le terme « Libyens » désigne tous les africains de peaux blanche, à l’opposé de « Ethiopiens », qui désigne les africains de peaux foncée. De ce fait, même les égyptiens pouvaient être eux aussi qualifiés de Libyens.

Certains textes donnent le nom de Libyens aux berbères de peau blanche, et Gétules au Berbères de peaux brune. Les berbères du sud de la Tripolitaine, de peaux plus foncé, sont appelés Garamantes.

Durant l’époque carthaginoise, les libyens se divisaient entre Maures et Numides. La Numidie s’étendait de la Tunisie au fleuve Moulouya. La partie à l’Ouest du fleuve était appelée Maurétanie, pays des maures.

Le terme numide parait être d’origine grec. C’est un nom étranger que les berbères n’utilisaient pas pour se nommer eux-mêmes. Par contre, Strabon écrit que les berbères se nommaient eux-mêmes maures, qui dérive du phénicien Maouharim, qui signifie occidentaux.

L’appellation « Maure » était d’ailleurs la plus courante durant la période romaine. Les Berbères qui habitaient au sud du limes romain étaient alors appelés Garamantes du coté oriental, et Gétule pour la partie occidentale.

Le terme « Barbares » désignait toute population non latinisée. Les Berbères hostiles aux byzantins, au même titre que les populations germaniques, étaient appelées barbares. Il était d’ailleurs interdit à Carthage d’utiliser ce terme pour désigner les berbères. Cette appellation a été reprise par les arabes et devin plus tard le nom le plus courant pour désigner les nord-africains. On parlera alors de Berbèrie, de barbaresque et de Berbères.

Les Berbères quant à eux se nomment entre eux Imaziɣen, ce qui signifie nobles, l’opposé d’esclave. Ce mot possède, dès l’antiquité, de nombreuses variantes. On le retrouve dans une inscription libyque sous la forme MSK, en Egypte antique sous la forme Meshwesh, et dans les inscriptions romaines sous les formes Mazic, Masik, Mazix, et au féminin Mazica. Aujourd’hui encore il possède 4 variantes dans les parlés Touaregs, qui sont : imuzaɣ, Imuhaɣ, Imajaɣen, Imucaɣ.

Toutefois, l’écrasante majorité des Berbères se définissent selon le nom de leur tribu ou leur position géographique. On parlera alors de Zénètes, de Sanhadja, ou plus récemment de Kabyles, de Chaouis ou de Rifains.


Histoire

Comme dit précédent, l’histoire des proto-Berbères remonte à la culture capsienne, c’est-à-dire au néolithique.

Vers l’âge de bronze, les Berbères étaient des bâtisseurs de mégalithes. Les dolmens et bazinas nord-africains se rencontre surtout en Tunisie et dans le constantinois, ainsi que sur la partie littorale jusqu’à Alger, et de manière plus restreinte au Maroc et dans l’Atlas Saharien.

Au dernier millénaire avant notre ère, les princes berbères louaient des plages aux phéniciens, qui avaient besoin d’escales maritimes dans leur route vers l’Espagne.

Une légende antique rapporte que durant la haute antiquité, les berbères auraient colonisé la Sardaigne et la Corse, sous le commandement d’un certain Sardus.

Nous savons également que des tribus berbères faisaient partie des peuples de la mer, qui ont déferlé sur l’Egypte et la Palestine, causant l’effondrement de l’âge de bronze.

La plus ancienne ville d’importance au Maghreb fut Utique, fondée en l’an 1101 avant J.C. par les phéniciens.

C’est ainsi que les phéniciens commencèrent à bâtir des cités portuaires sur les côtes nord-africaines. Bientôt, la civilisation phénicienne se mélangea à la culture locale, et engendra la civilisation punique. La langue punique entra en compétition avec la langue berbère.

Sur le plan politique, les puniques, dont la capitale était Carthage, entrèrent en conflit avec les romains et les numides.

Après la Guerre des mercenaires en 237 avant J.C., Carthage soumit la Numidie. Gaïa, fils de Zellalsen, roi des Massyles, réussi à arraché à Carthage la Numidie orientale. Son fils, Massinissa, réussi à arraché les hautes plaines tunisiennes à Carthage, avec l’appuie des romains. Vainqueur contre Syphax, il s’empare de la Numidie occidentale et unifie la Numidie.

Massinissa resta malgré tout très tourné vers le monde punique. La langue officielle de son royaume était le punique et non le Berbère.

Carthage est anéantie par les romains en 149 avant J.C. La Numidie connait alors sont âge d’or. Le libyque, forme antique du berbère, devient officiel sous le règne de Micipsa, fils de Massinissa.

La Numidie sera assez prospère. Les rois numides auront la réputation d’être des rois savants, ils ont d’ailleurs récupéré les épaves de la bibliothèque de Carthage.

A deux reprises, la Numidie affrontera les romains. Durant la guerre de Jugurtha, a l’issue de laquelle une partie de la Numidie sera annexée par la Maurétanie de Bacchus, Et durant le règne de Juba 1er. Elle fini annexée par l’empire romain, et Juba 2, fils de Juba 1er, est placé sur le trône de Maurétanie par l’empereur Auguste.

Juba 2 sera connu plus dans le domaine scientifique et littéraire que comme chef d’état. Il laissa plusieurs ouvrages dont il ne reste que des fragments, et mènera une expédition pour explorer les Iles Canaries. Son fils, Ptolémée, sera assassiné par l’empereur Caligula, et la Maurétanie est à son tour annexée par Rome.

Durant la période où l’Afrique du nord fait partie de l’empire romain, de nombreuses villes, routes et barrages voient le jour. La période romaine fut assez prospère et stable, entachée de quelques révoltes.

Les Berbères se sont assez bien assimilé dans le monde romain, tout en restant en partie berbérophones et organisés en tribus. Il y a eu des empereurs d’origine berbère, et un corps de cavalerie numide intégré à l’armée romaine. Les berbérophones étaient alors appelés Maures, qu’on distingue des populations puniques et latinisés, appelées africains.

Ces maures se sentaient profondément romains. Lorsque les vandales débarquèrent en Afrique, certains berbères les accueillirent au nom du donatisme, un dogme chrétien populaire en Afrique hostile à l’église romaine. Ces même vandales persécutèrent le clergé catholique et les africains romanisés. Ils favorisaient la population rurale berbérophone, et la langue Berbère reprit du terrain sur le latin et le punique.

Quelques temps plus tard, ces mêmes Berbères qui accueillirent les vandales, les combattirent au nom de la romanité ; alors même que l’empire romain n’était plus.

Ne se reconnaissant pas dans le nouvel empire byzantin, ils se firent des royaumes chrétiens indépendants, qui finirent par devenir musulmans. Ils participèrent à l’effort de guerre en conquérant l’Espagne au nom de l’Islam.

Les royaumes berbères du moyen-âge marquent l’âge d’or du monde Berbère.

Au 11eme siècle, des tribus arabes dévastèrent la Tunisie et une partie du Constantinois. Parmi ces tribus hilaliennes, certaines s’assimilèrent aux berbères et on retrouve aujourd’hui des berbérophones d’origine arabe.

La Reconquista et les ottomans finirent d’achever les royaumes berbères. Et les derniers états berbères, tel que le Rif et le Royaume du Hoggar, furent soumis par les Européens, France, Espagne et Italie, au début du 20ème siècle.


Habitation

Au paléolithique, contrairement à une idée reçue, les Iberomaurusiens, ancêtres génétiques des berbères, habitaient en plein air et non dans des grottes.

Faute de vestiges matériels, on ne peut que supposer sur la nature de leur Habitations.

Ce fut sans doute des cabanes de fortune en roseaux, en paille ou en bois. Sans doute proche de ceux qu’on trouve encore aujourd’hui en Afrique subsaharienne.

Durant la dernière période glacière, la chute des températures obligea les populations préhistoriques à se réfugier dans des grottes. Ce fut le plus souvent des grottes artificielles creusées sur mesure dans la roche, et non des cavités naturelles. On en retrouve encore aujourd’hui au sud de la Tunisie et dans la région de Tlemcen.

Au néolithique, tout comme en Europe, on retrouve les traces des premiers villages d’importances. Ces villages étaient entourés par un mûr défensif, en bois ou en pierre. Nous en retrouvons des traces en Tunisie et en Algérie.

Les maisons, selon des textes de l’Antiquité, ressemblaient à des bateaux retournés.

Les populations préhistoriques étaient vraisemblablement sédentaires où semi nomades, et ce depuis le paléolithique. L’abondance du gibier et le climat favorable les dispensaient de longs déplacements.

Il semble qu’ils connurent assez vite la culture des céréales, du mois pour les populations établies au nord du Sahara.

Les changements climatiques survenues à la fin du Néolithiques obligèrent nombre de Berbères à devenir nomades.

Les premières villes voient le jour au contact des Phéniciens. Les maisons à terrasses sont elles aussi d’influence phénicienne.

Sous influences romaine, et avec l’arrivé d’une touche perses apporté par le monde musulman, l’architecture mauresque voit le jour.

Ce sera l’âge d’or de l’architecture Berbère.

En d’autres lieux, c’est l’architecture saharienne, influencée par le mauresque, qui donne naissance à des joyaux architecturaux.

Il est intéressant de signaler que nous n’avons pas de traces de tantes de nomades durant l’antiquité. Les tantes nomades, que l’on qualifie de Berbères, ont vraisemblablement étaient apporté par les arabes, ou par les berbères de Cyrénaïque, qui déferlèrent sur l’actuelle Sahara tunisien et algérien a la chute de l’empire romain.

On fait mention durant l’antiquité de cabanes en bois recouvertes de peaux d’animaux, pour les protéger des intempéries. Les auteurs antiques nomment ce genre d’habitation « Mapalia ». Elles étaient parfois mobiles, monté sur deux roues. Les nomades les trainaient comme des chariots durant leurs déplacements.

Aujourd’hui, les bâtisses à terrasses, les maisonnettes à tuiles, l’architecture mauresque et saharienne, sont les principaux styles architecturaux des Berbères.


Société

Depuis Hérodote à l’époque romaine, de nombreux textes donnent aux Berbères le nom de Mazices. Il se trouve par exemple dans un petit traité de géographie, composé vers 350 après J.C., où on parle du Sahara comme habité de Mazices et d’Ethiopiens.

Les premiers peuples non africains que connurent les Berbères, bien avant les phéniciens, furent les ibères, les celtes et les grecques. L’influence de ces peuples est encore visible. Sur le plan religieux, on peut citer les chamans, aujourd’hui islamisés et appelés marabouts, qu’on peut rapprocher des druides celtes. L’influence grecque est quant à elle visible sur le plan vestimentaire et architectural.

Des gravures rupestres nous montrent des couples d’humains avec des enfants, ce qui prouve que le mariage existait chez les Berbères dès le Néolithique

Les plus anciens documents nous présentent les Berbères pratiquants le patriarcat, monogames ou polygames.

Il semble que les berbères au Néolithique ou durant la protohistoire, se distinguent entre eux selon une filiation utérine. C’est-à-dire la filiation maternelle où l’enfant appartient à la mère. Chose qu’on retrouve encore aujourd’hui chez les Touaregs.

C’est ainsi que les frères sont désignés comme étant les fils de la mère « At Yemma – Atma – Atmaten »

U-yemma (fils de ma mère) = Uma – Awma – gma, pour le frère.

Welt yemma (fille de ma mère) = Weltma, pour la sœur.

Le système familial des Berbères présente de grandes ressemblances avec ce qu’on trouve en Europe ou au Moyen-Orient.

Fondée sur le mariage, la famille berbère a pour chef l’homme, chez lequel la femme doit habiter, auquel elle doit fidélité conjugale. La polygamie est licite mais plus tôt mal vu dans certaines régions.

La famille se perpétue de mâle en mâle. Les filles en sortent lors de leur mariage. Les biens personnels se transmettent également de père en fils.

Le célibat est rare chez les Berbères. En général, hommes et femmes se marient très jeunes. La virginité est chose sacrée. La preuve doit en être faite publiquement, faute de quoi, l’union peut être rompue, et dans certaines tribus, la femme ainsi renvoyée peut être tuée par les siens. Chez les kabyles, il y a moins d’un siècle, la jeune fille qui avait un enfant hors mariage était mise à mort avec son fils.

Le mariage berbère est imprégné de symbolisme et de rituels magiques.

Le matriarcat des Berbères n’est qu’un mythe. En réalité, la condition de la femme dans le monde berbère est bien inferieure à celle des hommes depuis l’Antiquité. La loi islamique est bien plus favorable aux femmes que les coutumes berbères. Exception faite chez les touaregs.

Les femmes sont toute fois craintes. On leur accorde des pouvoirs magiques, et on craint leur malédiction. Se réfugier sous la protection d’une femme est s’assuré d’être en sécurité. Violé la protection accordé par une femme est sacrilège. Pendant les conflits, on ne touche pas aux femmes, on ne les insulte pas, on n’insulte pas son adversaire devant sa femme et on détourne le regard lorsqu’une femme intercède.

Les berbères acceptent volontiers une nombreuse progéniture. Désireux de perpétuer leur famille, ils saluent avec joie la naissance d’un fils. Plusieurs auteur anciens attestent que les africains avaient beaucoup d’enfants.

Outre la filiation père fils, la coutume Berbère reconnait la filiation par adoption. Mais cette adoption n’est admise qu’au bénéfice d’un neveu. Bien souvent lorsqu’un berbère vientà mourir en laissant des enfants en bas-âge, son frère adopte ses enfants, et dans certains cas, épouse également sa femme. C’est ainsi qu’au second siècle avant notre ère, le roi Micipsa adopta son neveu Jugurtha, fils de son frère Mastanbal.

La famille berbère est un groupe composé d’un nombre plus au moins grand de mâles, descendants en ligne masculine d’un ancêtre commun. A ces hommes sont agrégées leurs femmes. Quant aux filles, elles n’appartiennent à la famille que jusqu’à leur mariage.

Il s’agit là plus d’un clan que d’une famille. Il est appelé en français « Sof ». On retrouve cette organisation depuis l’antiquité, décrite par de nombreux auteurs romains.

Durant l’antiquité, chaque clan vouait un culte à son ancêtre. On visitait son mausolée à la manière des saints marabouts. Dans le clan, on obéissait aux vieillards, les plus âgés, qui fais faisaient office de chefs.

Le clan fait office de corps autonome, n’admettant dans sa vie intérieur aucune autorité étrangère. C’est a elle qu’appartiens l’autorité de châtier les fautes commises dans son sein. Elle puni de mort la femme adultère, dont l’infidélité risque d’introduire un intrus dans le groupe.

Vis-à-vis des étrangers, sa solidarité est très rigoureuse, et crée des obligations, des responsabilités qui s’impose à tous les membres du clan, à l’exception des femmes.

C’est un devoir pour tous de venger les injures, violences et crimes commis sur des membres de la même famille. Le châtiment est la peine du talion. D’autre part, le clan est solidaire dans la responsabilité du crime commis par un des siens. La vendetta peut frapper, non pas le coupable, mais un autre membre du même clan. Seules les femmes échappent à cette règle.

Quand un tel conflit dégénère entre deux familles, on fait le plus souvent appel à un arbitre pour trouver un arrangement, qui est le plus souvent un marabout.

Si une grande majorité des Berbères sont sédentaires, dans les hautes plaines, de nombreux bergers pratiquent la transhumance. Ils se déplacent en été avec famille et bétail vers les hauteurs, et sont de ce fait semi-nomades. Cette pratique tant aujourd’hui à disparaitre en Algérie, mais est toujours d’actualité au Maroc.

Jusqu’à très récemment, partout chez les Berbères sédentaires, on se regroupait en village. Mode sociale qui date du Néolithique. Chez les Berbères, chaque village est une république. Les affaires d’intérêt commun sont discutées et décidées par une assemblée, dont nous avons quelques traces durant l’Antiquité. Depuis l’antiquité jusqu’à récemment, ce sont les vieillards qui gouvernent. Les jeunes adultes assistent à l’assemblée mais ne prennent que rarement la parole.

L’assemblée dicte un règlement propre au village, certains ont étaient mis par écrit. L’assemblée élie également un magistrat, pour un mandat bien définie. En Kabylie, ce magistrat porte le nom de Amin.

La tribu, si solidement constituée chez d’autres peuples, n’est chez les Berbères qu’un assemblage de groupes et de villages qui gardent jalousement leur autonomie. Ils se détachent aisément d’une tribu pour s’attacher à une autre quand leur intérêt le leur conseille.

La tribu Berbère est avant tout une ligue politique et militaire contre l’étranger. L’ancêtre commun de la tribu n’est qu’un mythe, inventé pour crée un lien qui lie les membres de la tribu.

Au moment de faire la guerre, la tribu se choisi un chef. Il arrive que ce chef ne renonce pas à son poste une fois la paix rétablie, qu’il se dote de partisans et devienne un prince. La tribu devient alors un royaume. C’est ainsi que se sont formé la plupart des dynasties berbères.

Diverses tribus peuvent former une confédération, une sorte d’alliance militaire, qui dure plus au moins longtemps. C’est le cas des Zouaoua de Kabylie qui se composent des principales tribus du Djurdjura.

Il arrive la aussi qu’un chef arrive à étendre sa domination sur la confédération et a constitué ainsi un petit état qui aura l’air d’un royaume, mais qui restera une simple confédération avec plusieurs tribus autonomes, à la tête desquelles se place un chef de guerre. Ce fut le cas des Mokrani en Kabylie, des Belkadi du Djurdjura et des seigneurs de l’Atlas marocain. Nous trouvons des principautés analogues aux époques vandale et byzantine.


Religion

De nombreuses traditions que l’on peut attestées à l’époque romaine se sont maintenus chez les Berbères. L’aspect vestimentaire par exemple identique en de nombreux point à ce qu’on trouvait en Grèce antique et à Rome.

Parmi les traditions antiques, de nombreux rituels païens sont encore vivaces aussi bien chez les arabophones que les berbérophones. Un néo-paganisme berbère a vu le jour ces dernières années, au Maroc et en Kabylie, essayant de faire renaitre les anciennes croyances Berbères. Ils se bornent à imiter l’ancienne mythologie grecque, à inventer des divinités de toute pièce et à falsifié ce qui reste des rituel antiques en occidentalisant les croyances Berbères. Or, les croyances berbères étaient africaines, animistes, plus proches des croyances subsaharienne que du polythéisme grec.

Les Berbère durant l’antiquité vouaient des cultes aux esprits, aux génies, génies des sources, des rivières et des montagnes. Les rochers étaient sacrés, habités par des esprits qu’il fallait craindre. Encore aujourd’hui, un peut partout en Algérie, que ce sois en Kabylie, à Tlemcen ou à Tamentit, des rochers sont vénérés. C’est aussi le cas au Maroc. Vénération qui a pris avec les siècles un caché islamique. C’est ainsi que dans mon village par exemple, un rocher sacré orne une mosquée. Il ne s’agit ni plus ni moins que de fétichisme, qui attribue un pouvoir protecteur a une force mystique, qui peut être un esprit, emprisonné dans un objet naturel ou artificiel. Culte encore vivace dans sa forme primitive en Afrique subsaharienne, en Sibérie et chez les Amérindiens.

Les Berbères antiques vouaient également un culte à certains animaux sacrés, ce qui est appelé Zoolâtrie.

Des vers écrits par Corippus au 4eme siècle attestent que les Laguatans, une peuplade de la Tripolitaine, adoraient Gurzil, né du Dieu Egyptien Amon et d’une vache. Il s’incarnait dans un taureau, qu’on lâchait sur les ennemis au moment d’engager le combat.

Plus tard au 11eme siècle, El Bekri mentionne une tribu du sud du Maroc qui adorait un bélier. Ce bélier est sans nul doute Amon, devenu Dieu chez les égyptiens. Il est représenté sur des gravures rupestres avec un disque solaire sur la tête.

Encore aujourd’hui dans la très secrète mythologie kabyle, on parle du Bélier solaire comme étant le premier mouton créé par la première femme du monde, ancêtre des tous les moutons, qui sont représenté comme étant un animal sacré.

Hérodote dit que les Berbères font des sacrifices au soleil et à la lune, et a nulle autre entité. Ibn Khaldoun en dit de même.

Le culte du soleil est étroitement lié au culte du bélier. Les berbères représentent le bélier sacré, Amon, avec des cornes, qu’ils considèrent comme étant le soleil couchant.

Amon le bélier sacré est devenu un dieu chez les égyptiens, et sans doute aussi chez certains berbères polythéistes sous influence phénicienne. Le dieu carthaginois Baal Hamoun se confondait avec Amon. Il s’agissait pour lui aussi d’une divinité solaire. La déesse carthaginoise Tanit était quant à elle une divinité lunaire.

La lune est quant à elle un symbole féminin, assimilé à la femme et à la terre nourricière. On accorde des pouvoirs de guérison au clair de lune, nommé « tiziri » en berbère. On ne sort jamais une nuit de plaine lune dévêtu ou sans se couvrir la tête, et on ne présente pas d’enfant en bas âge à la lune, car un coup de lune peut-être tout aussi néfaste qu’un coup de soleil.

On a observé également le culte des morts chez les Berbères. Ce culte n’a d’ailleurs pas disparu mai s’est fondu dans la tradition islamique.

Les Berbères édifiaient des mausolées à leurs ancêtres. Ils allaient y prier, consulté l’esprit du défunt. Ce que font encore aujourd’hui de nombreux Berbères. Ces mausolées sont aujourd’hui appelés Kouba, taqerrabt, et ceux qui y sont enterrés, saint patrons ou marabouts.

Ces morts habitaient dans un monde souterrain où résides les âmes des morts et différentes créatures légendaires. Cet univers chtonien était l’antithèse du monde des vivants. Cette vision gnostique voulait que toute chose ai son opposé dans cet autre monde. On peut le rapprocher des enfers grecs.

Les rituels de nécromancie, appelés tamsensit en kabyle, qui permettent d’entrer en contact avec cet autre monde, étaient le domaine des femmes et des chamans, ancêtres des marabouts. A l’exceptions des marabouts, la magie est presque exclusivement féminine.

Si le maraboutisme est aujourd’hui fortement islamisé et a perdu sa facette païenne, de nombreux rituels de sorcellerie au Maroc et en Algérie font encore aujourd’hui appel aux esprits jadis vénérés par les Berbères. Ces esprits ou génies sont aujourd’hui vulgairement appelés Djinns, Djnoun, mais certaines catégories d’esprits existent encore dans le folklore berbère, tel que tiwkilin, dont j’ai fait une vidéo, on a également ajedεun n iẓekwan, le gardien des cimetières, amasan, imzizel

Les berbères connurent le monothéisme d’abord avec le christianisme, puis avec l’islam. Le dieu unique pouvait avoir plusieurs appellations selon les régions, la plus ancienne attesté est Yakuc, qu’on retrouve encore aujourd’hui dans les oasis saharienne, nous avons également Akuc, une variante de Yakuc, dont la variante mozabite est Yuc. On trouve également Agellid, Bab Igenwan et Min chez les Kabyles, ainsi que Imelli chez les Touaregs. Une variante attestée chez les Berbère, qui parait être d’origine chrétienne, est Bab nneɣ, littéralement « Notre Seingeur ». Le terme par lequel la majorité des berbérophones désignent aujourd’hui Dieu, à savoir Ṛebbi, n’est autre que la traduction arabe de Bab-iw, mon Seigneur.

Ce monothéisme berbère était entaché de paganisme. Déjà à l’époque romaine, les donatistes étaient critiqués pour leur culte des martyrs, qu’on peut rapprocher du culte des morts. Dans les Djeddars, des tombeaux berbères chrétiens d’époque vandale, se mêlent des symboles chrétiens et païens.

L’islam tel que pratiqué par les Berbère jusqu’à récemment était lui aussi entaché de paganisme.

J’éviterais ici de m’étaler sur les mouvements religieux d’origine extérieurs qui ont eu écho chez les Berbères, tel que le donatisme et le soufisme, auxquels je réserve des exposés dans de prochaines vidéos.


Conclusion

En conclusion, sur de nombreuses facettes, malgré certaines modifications résultantes des influences étrangères et de l’apport de l’Islam, les Berbères n’ont guère beaucoup changé en 3000 ans d’histoire.

Pour ceux qui veulent s’approfondir d’avantage, je vous mettrais sur mon site les liens des sources que j’ai utilisé pour faire cet épisode.


Bibliographie

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