Massinissa arrache aux Carthaginois la Petite Syrte* et les Emporia**. Selon le récit de Polybe.
“En Afrique, Massinissa, voyant les nombreuses villes établies sur les rives de la Petite Syrte*, ainsi que l’opulence de la contrée appelée les Emporia**, convoitait depuis longtemps les importantes revenues que procuraient ces pays. Il avait entrepris, peut avant l’époque qui nous occupe ici, de les enlever aux carthaginois. Il se fut bientôt rendu maître du plat pays, car, en rase compagne, il était le plus fort, du fait que les carthaginois, qui avaient toujours répugné à faire la guerre sur terre, étaient alors complètement amollis par de longues années de paix. Mais il ne parvint pas à s’emparer des villes, qui étaient bien gardées. Les deux parties portèrent leur querelle devant le Sénat, auquel ils envoyèrent à plusieurs reprises des ambassadeurs. Chaque fois, les carthaginois voyaient leur thèse rejetée par les romains, non pas qu’ils fussent dans leur tort, mais parce que leurs juges étaient persuadés qu’il était de leur intérêt de se prononcer contre eux. Pourtant Massinissa lui-même, quand, peu d’années avant, il poursuivait avec des troupes le rebelle Aphter, avait demandé aux carthaginois l’autorisation de traverses le pays en question, mais ceux-ci, estimant qu’il n’en avait aucunement le droit, la lui avaient refusée. Néanmoins, à l’époque où nous en somme arrivés, les carthaginois ne purent plus faire autrement que de s’incliner devant les sentences rendues à Rome. Ils durent non seulement abandonner le pays et les villes qui s’y trouvaient mais encore verses une somme de cinq cent talents, correspondant aux revenus qu’ils en avaient tirés depuis le début du conflit…“
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* Le Golfe de Gabès au Sud de la Tunisie, au nord de Djerba.
** Les cités puniques antiques des côtes de Tripolitaine et des Syrtes dans l’actuelle Libye.
Polybe, Histoire, XXXI, 21 ; Collection de la Pléiade, Paris, 1970, pp. 1098-1099.