Amrabed

Sidi El Djoudi

Sidi El Djoudi appartenait à une famille de marabouts originaire des Aït Mraou, chez les Aït Iraten, mais établie depuis longtemps au village d’Ighil Bouammas de la tribu des Aït Boudrar.

En 1830, il réussi à fédérer les Igawawen pour partir à la rescousse d’Alger, alors assiégée par les français. Il devin ensuite chef de guerre des Igawawen et des At Sedqa.

En 1849, les Igawawen s’allièrent avec les Igecdal, les Guechtoula, pour s’attaquer aux tribus kabyles qui ont fait leur soumission aux français. Lorsque la même année, les français attaquèrent les Igecdal, les At Betrun leur envoyèrent à la rescousse 1200 combattants, dont 700 des At Wasif, 300 des At Yenni et 200 des At Budrar, toujours sous le commandement de Sidi El Djoudi.

En rentrant dans sa tribu après le combat qu’il avait livré le 12 juillet au colonel Canrobert dans les At Mellikech, le marabout Si El Djoudi trouva chez lui un jeune aventurier qui se donna comme le fameux Boumaaza, le promoteur de l’insurrection du Dahra, qui avait fait sa soumission au colonel de St-Anaud, le 13 avril 1847, et qui avait été envoyé en France. Il raconta qu’il s’était évadé de la prison où on l’avait enfermé, qu’il avait pu regagner l’Algérie et qu’il venait pour entrainer les kabyles à la guerre sainte. Si El Djoudi reçut d’abord avec méfiance cet arabe inconnu ; il craignait que ce ne fût un émissaire envoyé par les français pour l’assassiner, et ce ne fut que quand d’anciens partisans de Boumaaza, qui étaient venus chercher fortune en Kabylie, lui eurent juré que c’était bien Boumaaza, qu’il l’accueillit en s’excusant d’avoir eu aussi mauvaise opinion de lui.

A ce moment, un parti de la soumission commençait à se former dans les Igawawen, qui avaient besoin de voyager en pays arabe pour se procurer des moyens d’existence ; Si El Djoudi voyait son influence décliner et il pensa que le jeune homme qui se présentait à lui et qui ne paraissait pas de taille à éclipser jamais sa propre influence, pourrait lui servir à reconquérir un regain de popularité ; il se mit à patronner le nouveau chérif, il lui fit cadeau d’un cheval et d’un sabre et on l’appela tantôt Boumaaza, tantôt So Mohamed Ben Abdellah Boucif (l’homme au sabre). Son véritable nom était, parait-il, Si Mohamed El Hachemi, et il était marocain, originaire du Tafilalet.

Peut après l’expédition du colonel Canrobert dans les At Mellikech, les At Mensour et les Cheurfa avaient tendu une embuscade à des voyageurs des Zouaoua, près du défilé des Porte de Fet, et ils avaient arrêté 11 individus des Aït Attaf, des Akbil et des Aït Boudrar. Cinq de ces malheureux, qui avaient cherché à s’enfuir, avaient été tués à Ifetissen, chez les Imcheddalen, ancien campement des colonnes turques, et leurs corps avaient été brûlés ; 3 des prisonniers avaient réussi à s’enfuir, et les 3 autres avaient été conduits à Aumale (Sour El Ghozlane). Sur la demande du père d’un de ces derniers, le colonel Canrobert les avait mis tous en liberté, le 7 août 1849. Les Igawawen avaient juré de tirer une vengeance éclatante des Aït Mensour et des Cherufa.

Si El Djoudi avaient convoqué, pour le 2 septembre, une assemblée générale au marché du Had des Aït Boudrar. Un grand nombre de chefs y assistèrent, et on y décida que les contingents des tribus se réuniraient le lendemain.

La bataille de Beni Mansour, le 6 septembre, fut un échec pour Sidi El Djoudi et Boucif, qui durent se replier dans le Djurdjura.

Le 3 octobre, Boucif accepta d’affronter les troupes de Beauprètre, entrainant avec lui Sidi El Djoudi, épaulé par les tribus kabyles soumises, au lieu-dit l’Azib, dans la plaine des Aït Mellikech. C’est au cours de ce combat que sera tué Boucif.

Après Boucif, ce sera un autre chérif qui sera épaulé et protégé par Sidi El Djoudi, du nom de Bou Baghla. Mais déjà un puissant parti commença à se former chez les Igawawen contre la poursuite des hostilités, et l’opinion public commence à devenir défavorable pour Bou Baghla.

Dans le courant de l’année 1852, les autorités françaises essayèrent de négocier avec les Igawawen. Ces négociations débouchèrent sur la soumission de Sidi El Djoudi, le 6 avril 1852. Les closes de cette soumissions stipulaient que Igawawen et les At Seqda devaient payer un tribut annuelle, et permettre la libre circulation des troupes françaises sur leur territoire et l’ouverture de routes. Sidi El Djoudi a entre autre été nommé bachagha des Zouaoua, avec 6000 francs d’appointement et l’autorisation de délivrer des passeports aux kabyles voyageurs.

Cette soumission, qui ne sera effective, ne fera que diviser Igawawen et les At Sedqa, et isoler Sidi El Djoudi. At Betrun vont se diviser en deux fractions : ceux qui soutiennent Sidi El Djoudi, notamment At Budrar et At Bu Ɛekkac, et ceux qui refusent la soumission, que sont les At Yenni, At Wasif et le village d’At Ɛli U-Ḥerzun. Les At Wasif iront même jusqu’à attaquer At Budrar, et tuer un proche de Sidi El Djoudi.

En 1856, lors de la révolte des tribus du cercle de Draa El Mizan, à l’appel d’El Hadj Ameur, la maison du fils de Sidi El Djoudi, qui se trouvait près du marché des Ouadhias, au-lieu dit Agouni Guislan, fut détruite de fond en comble.

De plus en plus isolée, Sidi El Djoudi n’avait plus aucun pouvoir en Kabylie, considéré comme un traitre à la solde des français.

Voila les informations que nous avons pu recueillir sur la suite de Sidi El Djoudi :

  • L’un de ses deux fils s’appel Ahmed Ou El Djoudi.
  • Son bras droit, nommé fidèle ami par les sources, se nomme El Hadj Hamiche
  • Son secrétaire intime s’appel El Hocine, il s’agit d’un taleb le jurisconsulte, le lettré et la plus de Sidi El Djoudi.
  • Son chaouch s’appel Idir, c’est son serviteur, son écuyer
  • Le secrétaire de son fils, Si Ahmed Ou El Djoudi, s’appel Saïd

Le 28 mai 1857, le maréchal Randon réussi à soumettre les Aït Iraten. Les Kabyles se fortifièrent alors dans les villages d’Icheriden et Aguemoun Izem. Sidi El Djoudi, jusque là fidèle aux français, quitte leur camp et organise la résistance à Icheriden .

Selon la tradition orale, ce serait Lalla Fatma n’Soumer qui aurait réussi à convaincre Sidi El Djoudi de trahir les français pour se joindre à la défense de son territoire. Selon les sources coloniales, ce serait les deux fils de Sidi El Djoudi qui étaient à la tête des contingents kabyles retranchés à Icheriden.

La bataille d’Icheriden, qui débuta le 24 juin, bien que sanglante, est une défaite pour les Kabyles. Le 30 juin, Sidi El Djoudi s’avoue vaincu et vint se rendre au maréchal Randon. Sa peine fut clémente : on lui laissa la libre disposition de ses biens, et il fut exilé en Syrie, où il est mort les premiers mois de 1862.


Bibliographie

Illustration réalisée par : T.Kawthar

4 réflexions sur “Sidi El Djoudi”

  1. Pensez-vous que les références à Hanoteau, Carrey et Clerc sont crédibles ?
    La France vient de mettre en ligne les documents confidentiels de l’époque et vous constaterez que ce que les 3 auteurs racontent est de la pure historiographie coloniale.
    Regardez plutôt du côté de Chikh Seddik Ben Arab qui fut emprisonné au fort de l’île Sainte Marguerite après les défaites d’Icherriden et d’Aguemoun Izem de juin 1857.
    Ces documents confidentiels y compris du maréchal Randon disent textuellement: “En 1857, il (Chikh Seddik) fut l’âme de l’insurrection en Kabylie”

  2. Sidi el djoudi un grand résistant malheureusement les français on réussit a diviser les kabyles
    D’ailleurs c’était leur seul et unique espoir de soumettre la kabylie

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